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Résumé du voyage en Guyane de Patricia et Marc

Si, pour la première fois de ma vie, à 57 ans, j’ai mis les pieds en Amérique du Sud, plus précisément en Guyane Française, c’est bien grâce à mon compagnon, dont le passé de médecin légionnaire en Guyane et son attractivité de la forêt Amazonienne, ont contribué à la réalisation de ce voyage. Avec en prime sur Arte, un superbe reportage sur la canopée guyanaise que nous avions vu auparavant.

Pour ma part, j’ai vécu un voyage de découverte totale, avec des aprioris de départ dont quelques angoisses liées aux insectes autochtones, le tout heureusement surmonté par une forte curiosité de découvrir cette énigmatique forêt Amazonienne enrubannée de ses fleuves et rivières pleine de mystères.

La curiosité en gage de motivation à permis ce voyage encadré et préparé au préalable. Sans cela, je ne l’aurais jamais effectué. Aujourd’hui, après cette immersion vacancière de 10 jours, je suis rentrée en métropole avec un autre regard sur ce pays.

Au préalable, j’ai bravement supporté les 9h d’avion dont 8h en continue, et pour moi ce fut un exploit de self control et de maîtrise de soi, surtout quand on déteste l’avion …..

En arrivant, j’ai été surprise par la chaleur, surtout les pics de chaleur de 12h à 16H. Nous avions, en moyenne 30-32°, mais il y eut des journées plus chaudes encore. Et je comprends mieux pourquoi la sieste est instaurée dans certaines entreprises et les services publics. Il m’a fallu 4 à 5 jours pour m’y habituer. Par ailleurs, mon appréhension des bébêtes et autres reptiliens en tout genre ne m’a pas trop dérangé, sauf en forêt où la prudence s’impose, ne serait-ce qu’avec les plantes inconnues qui nous entourent.

A moins d’être un spécialiste de la forêt primaire et secondaire, et quand bien même, il y a des règles dans cette forêt incroyable :

  • on touche avec les yeux 
  • on ne ramasse ni ne cueille lorsque l’on ne connait rien ! 
  • on observe, on découvre 
  • on ECOUTE  

Et surtout on respecte tout ! Car une feuille étrange ou une belle fleur que l’on a envie de cueillir peut réserver des surprises : épines géantes, poison, ou insectes bien cachés par exemple. 

Nous sommes visiteurs étrangers dans cette superbe forêt qui nous accueille, je n’ai jamais rien vu de pareil !

 Il s’agit de beauté sauvage, une beauté archaïque et envoutante, une ambiance hors normes, les bruits au loin d’animaux inconnus, les chants et cris d’oiseaux invisibles qui vous accompagnent tout le temps, le ciel tout petit que l’on aperçoit à peine, une multitude de plantes de toutes tailles et d’arbres sans âges qui protègent de la chaleur, les esprits de cette forêt sont rois et obligent à vous adapter à leurs univers de verdure exubérante.  

Beaucoup d’émotions quand je pense à ces lianes grimpantes et descendantes qui tissent un réseau de plusieurs dizaines de mètres suivant les arbres, ces « Grands arbres » plusieurs fois centenaires et qui peuvent atteindre jusqu’à 50- 60 m de haut avec leurs racines contreforts où l’on peut se cacher, des circonférences de plus de 4 m de large pour certaines variétés !! 

Le plus incroyable, la vie qui chante, jour et nuit, une symphonie qui vous envoute, c’est là toute la magie de cette forêt ! Car il s’agit bien de cela, de magie. Le village de SAUL, en plein centre de la forêt guyanaise surprend par son côté authentique et historique. De nombreux sentiers découvertes, dont un qui dessert l’aéroport, offrent une réelle approche de la forêt, approche que nous avons explorée avec notre guide Yvan, passionné de botanique guyanaise et de rivières. Nous avons ainsi partagé randos, baignade en crique et connaissances sur les différentes et nombreuses essences d’arbres. Le top, la découverte de la forêt en pirogue ! Ce sera pour la prochaine fois, et toujours avec un guide bien sûr.

Si nous sommes attentifs, peut-être pouvons-nous ressentir l’esprit de la forêt, car c’est exactement ce que j’ai vécu, inexplicable avec des mots, comme une présence qui vous entoure et qui vous accepte…ou pas. Essayer de sortir des sentiers et de prendre un raccourci au hasard…ne jamais se comporter comme un touriste en balade, grossière erreur qui peut couter très cher !!

La forêt ne serait pas ce qu’elle est sans l’élément « eau » ! Elle règne en maître ! De l’eau du fleuve St Laurent du Maroni, en passant par la Savane inondable de KAW jusqu’aux nombreux méandres de la rivière KOUROU, fleuves et rivières, rivalisent de beauté et de lumière changeante. 

Balisés de « dégrads », ces embarcadères où attendent les guides et leurs longues pirogues motorisées, on embarque et on sillonne fleuves et bras de rivières, l’esprit et les yeux ouverts aux surprises d’un virage à l’autre : envol d’oiseaux inconnus, nuées de papillons, carbets abandonnés, villages typiques, caïmans dans les berges…le secret, se laisser surprendre ! 

Les marais de Kaw fascinent. Territoire de lumière arc en ciel et de sombres nuages. Cette réserve naturelle nous a enchantée durant 16km de navigation en pirogue motorisée jusqu’à notre Ecolodge flottant. J’ai vu la mangrove pour la première fois, cette végétation dense qui protège landes de terres et nourrie ses habitants insolites : caïmans, zébus, pécaris, oiseaux jacanas, hérons cocoïs et tant d’autres encore, qui, le temps d’un éclair surgissent des brumes, au crépuscule ou à l’aube. Baignade autorisée depuis l’Ecolodge, mais de jour bien sûr ! Le bain de nuit de mon compagnon, le seul à se baigner sur 20 personnes, restera gravée dans ma mémoire. Marc n’a rien vu ni entendu, le temps de quelques brasses et de remonter sur l’Ecolodge, qu’il était là, magnifique, immense, à peu prés 3m de long, la tête à peine immergée de l’eau. Les caïmans sortent pour chasser…la nuit uniquement ! La prudence est de mise ! Nous serions restés plus longtemps à découvrir cette savane inondable…entre deux brumes…

Si le Maroni étale sa puissance, ses rapides et ses frontières avec le Surinam, la rivière KOUROU se faufile à l’intérieur de la forêt et de sa canopée ! C’est, pour moi, un des moments les plus forts de ce voyage, dormir dans une cabane dans les arbres, un rêve d’enfant qui se réalise.

Insolite, c’est le mot que j’emploierais pour décrire le camp canopée, ces carbets arboricoles, dont l’architecture tout en bois local, toiture de feuilles séchées, tressées, se mêlant aux bambous et cordages semblent sortir des décors de films d’aventures tels « Indiana Jones et l’Arche perdue » ou « Pirates des Caraïbes » ! Mais le tout, « façon standing » avec petits et grands dortoirs équipés de hamacs et moustiquaires, douches et WC à disposition entre deux passerelles suspendues à 30 m de hauteur bien sûr ! Un réseau de fils style « araignée » Ecolodge accroché dans les arbres !

Quant au repas, du petit-déjeuner jusqu’au diner, imaginez une table de 20 personnes, dans la grande salle principale, joliment dressée, aux chandelles, avec plusieurs plats typiques à déguster. L’apéritif captivait l’attention par un panel non négligeable de bouteilles de rhum, jeunes ou vieux et de Planter au goût différents, bref un tableau de châtelain dans un décor de science–fiction, le tout en forêt Amazonienne, pour notre plus grand bonheur !

Entre deux fleuves et rivières, il y a la terre, ses villes, villages et ses hommes. Un autre monde… que ce soit à Cayenne ou à St Laurent, c’est un paradoxe sociétal qui se présente avec son foisonnement ethnique et populaire. Pour ma part, je me suis sentie en insécurité dans ces deux villes en particulier. 

Cayenne, on y découvre de belles maisons d’époques coloniales à restaurer ou transformées en établissements public, baraquements plus ou moins finis, des rues sans trottoirs, des édifices à l’abandon, et du monde devant chaque magasins alimentaires. Ces hommes plutôt jeunes attendent, cannettes à la main, ils attendent, quoi ? on ne sait. Le plus étonnant, ce sont ces hommes, femmes avec enfants, sportifs, vieillards, qui marchent le long de la nationale, sans se préoccuper des voitures qui passent à vive allure. D’autres tendent les bras à votre passage pour vous inciter à acheter un Tatoo ou une limonade…Un peu comme en Afrique.

J’aurais apprécié un peu plus de temps avec le guide qui accompagnait Caroline lors de notre courte visite de Cayenne. Ce Monsieur respectable, dont j’ai oublié le nom, semblait riche d’histoire, d’anecdotes et de connaissances sur sa ville et sur les problèmes sociaux et politiques de la Guyane. La visite du bagne de Cayenne reste impressionnante, avec son organisation de « castes » particulières « communards, récidivistes, relégués », la place de la guillotine et la signature gravée dans le cachot du célèbre bagnard « Papillon », ex M. Henri CHARRIERE. De l’esclavage aux bagnards, c’est l’histoire de Cayenne, de la Guyane et aussi de la France qui surgit et interpelle. Site saisissant.

A St-Laurent du Maroni, les populations autochtones et Amérindiennes bordent le fleuve. Mais on croise aussi beaucoup de pirogues motorisées de contrebandiers en tout genre. Trafic d’essence, de drogue, d’or et que sais-je encore, « cela fait partie de la vie de tous les jours », nous disait John, notre guide, Surinamais d’origine, père de 11 enfants avec 4 femmes connues et d’autres inconnues. Il nous a expliqué les us et les coutumes des échanges de marchandise ainsi que les mouvements de population du Suriname. Mieux vaut circuler avec un guide que tout seul sur ce fleuve. Un sentiment de liberté malgré tout flottait le long des pontons, c’était beau de voir tous ses enfants nus plongeant et jouant !

(Hommage à la petite fille d’APATOU au bord du Saint-Laurent : Je te dis merci pour l’instant de grâce partagée, à toi dont je ne connaitrais jamais le nom, à toi qui m’a remplie de joie le temps d’un regard et pris la main pour jouer. Avec ton si beau sourire, tes grands yeux rieurs, tes frisotis d’ébène, si belle du haut de tes 3 ans, si libre, si gaie ! Que ta vie soit douce et pleine de joie partagée !)

Concernant Cacao, c’est le village des Hmong par excellence. Un exemple d’intégration et de réussite agricole. Champs de fruitiers, culture de légumes locaux et de leurs pays apparaissent sur le flanc des collines juste avant d’arriver au village. Le marché, typique mais assez petit, apporte une note orientale comme la visite des quartiers chinois dans Paris.

Hormis le marché, pas vraiment de site authentique référant à l’histoire des Hmong. L’église, riche en couleur, vaut le détour, pas autant que celle typique de Saül ou celle décorée du sol au plafond à Iracoubo, par un peintre bagnard « relégué » M. François HUGUET.

Ce qui surprend à Cacao, c’est le musé des insectes et des papillons, dirigé par un personnage haut en couleur M. SOLER ! Quelle belle rencontre, une encyclopédie sur pattes dotée d’une véritable passion qui vous transporte dans le monde des papillons et des insectes de Guyane ! M. SOLER vaut le détour à lui tout seul. Nous avons adoré !

Et au milieu des insectes et des papillons Morphos, on tombe nez à nez avec une base de lancement spatial ! Kourou, la ville aux fusées émerge au beau milieu d’un parc de verdure de 21km², zone protégée et réserve naturelle puisque des traces de Léopard ont été observées. Le site permet de découvrir les différentes bases de lancement existantes, tout respire la haute technologie et l’invraisemblable. Excellent accompagnement de nos guides, explications détaillées et concentration obligatoire si l’on souhaite comprendre les subtilités techniques. Le musée complétait le tout, il nous a fallu 4h de visite pour faire le tour de ce site extraordinaire. Un moment hors du temps.

A Kourou, une piste au trésor qui vaut le détour : le musée Amérindien. Découverte des roches gravées, sites archéologiques de peuplades Amérindiennes, difficiles à dater, et gravures géométrique très particulières. Ces roches gravées sont référencées de style précolombien. Et encore, beaucoup de doutes subsistent. Notre guide, ambassadrice de ce musée, sous une chaleur écrasante, nous a immergé dans une histoire encore pleine de mystères, et c’est tant mieux. Il faut dire que ce musée, bien fait et agréable à visiter, n’est pas facile à débusquer. Il faut sillonner la zone industrielle et avoir de bons yeux pour soudain, apercevoir un panonceau mentionnant le site archéologique à visiter. Quel dommage que KOUROU ne respecte pas plus ce trésor archéologique ! Ce pauvre musée fait preuve de résistance pour ne pas être ensevelit sous les bâtiments de bureaux et autres infrastructures industrielles. A signaler à la mairie.

D’une façon générale, je me suis sentie mal à l’aise dans les villes importantes. J’y ai vu des quartiers semblables aux bidonvilles ou zones abandonnées, pas d’électricité dans certaines rues, pas de trottoir, pas mal de déchets au sol, beaucoup de carcasses de voitures tout le long de la nationale, bref, comme si les habitants laissaient tomber toutes formes de mise en valeur de leur ville. Ou est-ce mon regard de métropolitaine qui ne voit que la face esthétique et extérieure des choses ? Il est clair qu’il règne en Guyane des problèmes politiques et sociaux dont la France est partie prenante. J’aurais aimé creuser ce sujet avec le guide de Cayenne. Alors, Guyane émergente ou Guyane vouait à l’abandon ? J’opte pour le premier choix.

En conclusion de ce superbe voyage, pour moi totalement dépaysant, j’ai été profondément marqué par la majesté de la Forêt et la beauté des rivières. La vie respire dans chaque brindille d’arbre et dans chaque goutte d’eau des fleuves et rivière. Cette vie créatrice de beauté reste hostile à tous ceux qui s’aventurent sans connaissances de base et respect. La Forêt primaire et secondaire ne s’improvise pas. L’Amazonie hypnose, charme et envoute. Malgré poux agoutis et autres désagréments, mon cœur vibrait du rythme de la forêt. C’est cet enchantement qui désormais vit dans ma mémoire. 

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